Les tensions américano-cubaine
Au début de l'année 1960, les événements se précipitent
et vont accélérer la rupture de Cuba avec les Etats-Unis. Fidel Castro arrivé au pouvoir en 1959 pousse le président Dwight D. Eisenhower à interrompre toute relation diplomatique avec Cuba en 1961.
L'expropriation
de plus d'un million d'hectares appartenant à des américains, décida John F. Kennedy
à l'embargo total sur les exportations et les importations vers ou
en provenance de Cuba. Le gouvernement cubain procède alors à la nationalisation
systématique des biens nord-américains et rétablit, le 8 mai 1960, ses relations avec l'URSS afin de pouvoir vendre ses nouvelles richesses. Les effets de l'embargo sont donc jugulés grâce cette nouvelle alliance soviétique.
La baie des cochons (Bahía de Cochinos)
La C.I.A., recrute, arme et
entraîne des Cubains anticastristes et contre-révolutionnaires dans des camps secrets en Floride, au
Guatemala et au Nicaragua à une éventuelle invasion de l'île.
Le 15 avril 1961, un de ces camps est bombardé
par des avions cubains. Deux jours plus tard une force mercenaire d'environ
2000 hommes débarque dans la baie des cochons. Elle se fait écraser en moins
de 72 heures par les milices populaires cubaines. John F. Kennedy n'est président
que depuis deux mois mais il assume la pleine responsabilité de cet échec
ce qui lui a valu d'accroître sa popularité. Quoiqu'il en soit ce fiasco
montre que les soviétiques soutenaient activement les forces armées cubaines,
notamment en les approvisionnant en armes.
La crise des missiles
Un an et demi après la baie des cochons, le 4 septembre
1962, Nikita Khrouchtchev conclut l'accord sovieto-cubain d'aide technique
et militaire. De son côté, le gouvernement soviétique déclare qu'une nouvelle
attaque nord-américaine contre Cuba déclencherait, cette fois, une guerre
nucléaire. Le 14 octobre 1962 les avions américains U-2 ont la preuve que
des missiles soviétiques sont implantés à Cuba. Il n'en fallait pas plus
à John F. Kennedy pour menacer à son tour Khrouchtchev et ordonner le déploiement
de la force nucléaire américaine. Excellent politicien, Kennedy fait un
discours (Le 22 octobre) dans lequel il déclare : "Notre objectif consiste
à empêcher que ces missiles puissent être utilisés contre notre pays ou
n'importe quel autre" s'attirant ainsi les faveurs de l'opinion mondiale.
Les Etats-Unis sont donc prêts, s'il le faut, à entrer dans une guerre nucléaire
contre l'U.R.S.S. Les menaces de guerre s'intensifiaient et l'holocauste
semblait imminent. Mais Kennedy et Khrouchtchev réussirent à conclure un
accord et, le 28 octobre 1962, les soviétiques annoncent le démantèlement
des rampes de lancement tandis que les Etats-Unis s'engagent à ne plus envahir
Cuba. Mais, malgré cet accord, la C.I.A. continue ses activités de subversion
et de sabotage contre le gouvernement cubain.
Il faut également noter que l'invasion de la baie des
cochons a été élaborée sous le gouvernement d'Eisenhower et Kennedy y était
hsotile. Pourtant s'il refusait d'exécuter les projets élaborés sous l'administration
de son prédécesseur il risquait de perdre son autorité encore mal assurée.
John F. Kennedy n'a donc pas empêché le débarquement à Cuba mais a réduit sensiblement
la participation des forces armées notamment en refusant d'envoyer un soutien
aérien pendant l'opération. Pour la C.I.A., ce refus est responsable du
fiasco. John F. Kennedy se sépare alors de la C.I.A et affirme sa volonté de la
voir disparaître. Il révoquera d'ailleurs son directeur Allen Dulles (que
l'on retrouve pourtant dans la commission Warren). On apprendra pour la
première fois en 1975-76 que la C.I.A. et le crime organisé avaient projeté
ensemble d'assassiner le leader cubain. A la sortie de la crise de Cuba,
John F. Kennedy était donc aussi détesté que Fidel Castro à la fois par la C.I.A.
et par le milieu du crime organisé.
L'opération "Mangouste"
Effectivement, John F. Kennedy avait donné son accord pour lancer
une force mercenaire à Cuba bien qu'il ait d'une part considérablement allégé
la puissance de feu de l'opération et de l'autre refusé un soutien aérien
qui aurait évité aux mercenaires de se faire massacrer. Les historiens considèrent
qu'il ne pouvait s'opposer directement à une décision antérieure à son intronisation
de peur de perdre son autorité encore fragile, d'autres considèrent que
Kennedy était incapable de se décider soit par manque de caractère, soit
par ambivalence ou simplement par manque d'expérience. Quoiqu'il en soit
John F. Kennedy en assuma la pleine responsabilité et l'opinion publique n'en attendait
pas moins, et comme tout le monde le sait : une faute avouée est déjà à
moitié pardonnée !
Bobby Kennedy, le frère de John, se met alors en guerre
contre Cuba, il crée l'opération "Mangouste" avec la C.I.A. pour intensifier
ses actions contre Cuba. Cette action a deux objectifs : retrouver la suprématie
militaire et laver l'affront de la baie des cochons subit par le gouvernement
de son frère (et donc assurer sa réélection). Jusque là tout va bien, John F. Kennedy
et la C.I.A. y trouvent leur compte, la coopération est donc possible et
personne ne songe à contredire Bobby qui devient le moteur de l'opération
Mangouste. Mais la C.I.A. fit secrètement appel à la pègre, en particuliers
aux personnalités mafieuses contre lesquelles Bobby lui-même s'était battu
avec tant de conviction. Cette nouvelle alliance laisse supposer que le
véritable moteur de l'opération Mangouste n'était peut-être pas Bobby...
Et puis il y eut la crise des fusées. Désormais le gouvernement U.S. avait
la preuve que des missiles soviétiques avaient été introduits sur le sol
cubain et le bras de fer allait commencer. La situation devint singulièrement
complexe : maintenant, il s'agissait d'expliquer la présence de ces missiles
sol-sol. Or Khrouchtchev, qui avait su tirer profit de la situation, était
prêt à dévoiler au monde que les Etats-Unis avaient violé le pacte conclu
après la baie des cochons en créant une opération secrète, l'opération Mangouste.
La guerre nucléaire semblait inévitable.
Dénouement
John F. Kennedy réagit par le déploiement de ses forces nucléaires
et par son discours du 22 octobre 1962.
D'une part, par l'exhibition de sa puissance nucléaire,
les E.U. retrouvent leur statut de superpuissance et d'autre part, non seulement
le discours réconcilie l'Amérique avec les autres pays libres mais en plus
elle se propose de protéger tous ses petits frères libres ! du coup on oubli
que si crise il y a, c'est aussi, en partie, la conséquence de la politique
menée par les frères Kennedy. Mais ce n'était pas suffisant pour éviter
un affrontement et John F. Kennedy dut se résoudre à accepter de négocier avec Khrouchtchev.
Le président John F. Kennedy s'engageait à ne plus déstabiliser Cuba en échange
de quoi les soviétiques démonteraient leurs rampes de missiles. La guerre
était évitée, mais Kennedy venait peut-être de signer son arrêt de mort.
Dans les jours qui suivirent, le président continua de donner espoir aux
anticastristes alors qu'en réalité, il décommandait l'opération Mangouste
pour satisfaire à son engagement. La C.I.A. ne l'entendait pas ainsi et
se passa du consentement présidentiel, les actions de sabotages contre le
gouvernement cubain continuèrent. John F. Kennedy devint hostile à la C.I.A. et
souhaitait " la faire éclater en mille morceaux ".
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