John McCain , vainqueur de la bataille pour être le candidat des républicains à la présidentielle américaine, s'est inquiété jeudi d'être désormais oublié des médias, une perspective que les experts estiment cependant peu probable.
Ca va être difficile pour moi de maintenir ma visibilité au niveau national, parce que, (..), c'est compréhensible, (Barack) Obama et (Hillary) Clinton vont concentrer l'attention" sur leur bataille pour décrocher l'investiture démocrate, a souligné M. McCain jeudi lors d'une visite en Floride (sud-est).
En fait, cela fait déjà plusieurs semaines que M. McCain concentre beaucoup moins l'attention des médias que ses rivaux démocrates, non seulement parce que son investiture était assurée depuis au moins deux semaines mais aussi parce que la campagne républicaine n'a pas eu l'intensité de la campagne démocrate, avec des meetings moins survoltés et un taux de participation aux primaires républicaines loin d'atteindre les records enregistrés côté démocrate.
Et désormais, Barack Obama et Hillary Clinton vont mobiliser les journalistes politiques en échangeant coup pour coup jusqu'à ce que l'un des deux l'emporte, au risque que M. McCain ne soit mentionné qu'à l'occasion des critiques de ses adversaires.
Mais, comme le souligne Stephen Hess, politologue à la Brookings institution, pour McCain la devise pourrait être: "Pas de nouvelle, très bonne nouvelle, surtout quand les autres candidats donnent des nouvelles qui peuvent vous être très utiles à l'automne", c'est-à-dire quand les démocrates fourbissent l'un contre l'autre les arguments qui seront ceux des républicains avant la présidentielle de novembre.
En outre, M. McCain a pour tâches essentielles pour le moment de "mettre sur pied une équipe, collecter des fonds, et s'attirer les bonnes grâces de la base du parti qu'il a toujours prise à rebrousse-poil", souligne M. Hess, et "ces choses-là se font surtout en privé".
Par ailleurs, souligne Larry Sabato, professeur à l'Université de Virginie, M. McCain a pour lui d'être sénateur, ce qui lui assure un porte-voix: dès qu'il voudra se faire entendre, "il lui suffira de prendre la parole au Sénat, tous ses discours seront couverts". Et s'il veut faire la Une, il lui suffira de lâcher des indications sur l'identité potentielle de son vice-président...
En d'autres termes, "McCain ne sera pas invisible, il sera visible d'une autre façon".
Enfin, comme le souligne M. Hess, le scrutin présidentiel n'a lieu que dans huit mois, "il reste beaucoup de temps pour ennuyer tout le monde à mourir, et il aura beaucoup de temps pour développer les arguments qu'il voudra" à l'approche du 4 novembre.
Pour l'instant, il semble en tout cas ne pas vouloir perdre de temps pour attaquer un adversaire potentiel: il s'en est pris une nouvelle fois jeudi à Barack Obama sur le thème des relations avec Cuba, un dossier particulièrement sensible en Floride, alors que le candidat démocrate s'est distingué en annonçant qu'il était prêt à rencontrer le dirigeant cubain Raul Castro sans conditions pour lui réclamer des réformes démocratiques.
"Je ne sais pas si (Obama) est naïf ou pas", a dit M. McCain, "je sais qu'il est inexpérimenté, mais cette approche ne servirait je crois qu'à légitimer quelqu'un qui a plusieurs dizaines d'années derrière lui d'oppression et de cruauté envers les Cubains".
L'équipe d'Obama, entraînée à ne laisser passer aucune attaque, a immédiatement riposté, en profitant l'occasion pour faire un amalgame entre ses deux adversaires, McCain et Clinton, et le président Bush.
"Comme Clinton, l'expérience (de McCain) consiste à avoir soutenu la politique cubaine de Bush, qui a échoué", a souligné le porte-parole de M. Obama, Bill Burton.
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